Je suis allé toutes les nuits
Chercher la foi dans ces égouts
Comme un fou qui croit voir ciel
Lorsqu’il descend de son échelle
Et qu’à la lueur d’une bougie
Sous ses pieds sales, rabougris,
Un ruisseau sombre et ses remous.
Il semblait dire dans son murmure
De prendre plume, de tendre l’oreille
Et de noter, énigme obscure,
Ce qu’il avance en reculant.
« On me déverse jour et nuit
Sans un je t’aime, sans un merci,
Les immondices dont on ne veut plus
Et cela me fait grande peine.
C’est bien mon rôle, sois-en certain,
Mais c’est la manière dont certains
Sans procession ont oublié
Qu’ils me connaissent, par le Divin !
Maison sans toit ni sacristie
Ne peut accueillir que les diables
Qui se sont noyés dans la Seine.
Lorsque personne ne les délivre,
Et que personne ne les salue,
Ils dérivent dans la rue
Et meurent sous le joug d’un tyran.
Seulement ce tyran est miroir,
Il ne s’amuse qu’en abusant
Du pouvoir qu’on lui donne
Lorsque l’on n’ôte plus sa casquette
Aux braves poubelles du trottoir.
Petit vois-tu, c’est un serment :
Tu ne dois couler dans tes veines
Qu’un sang opaque teinté vermeil ! »
Et sur ces mots il se tut.
Je remonte à la surface car ma bougie se meurt,
Les détritus m’accueillent, criant « À la bonne heure ! »
Les poissons m’embaument et me prêtent leurs arêtes
Pour me faire une couronne que je mets sur ma tête.