Ma rue sale…
étourdie
m’apprend l’ennui
Je lui prie de continuer sa route,
toute sale


*-.-°"¨"°-.-*

Le vent d’automne souffle sur mes jambes
Il berce mon effroi
Je pleure quand je pense à toi,
Mon vieux… lampadaire


*-.-°"¨"°-.-*

Depuis peu, je rumine
Je prends peur et termine
mes cauchemars de la veille


*-.-°"¨"°-.-*

Si on y réfléchit,
il faut deux fois s’y reprendre
avant d’être heureux
Alors, ne plus penser


*-.-°"¨"°-.-*

Ma cheminée crache noir
toute la nuitée
Quand je m’endors
elle s’assoupit
sans bruit


*-.-°"¨"°-.-*

Le moustique est dev’nu mon copain,
quand il est mort
Il flotte


*-.-°"¨"°-.-*

Si je t’aime, si je t’aime
Si je t’aime, si je t’aime
Mon beau chat noir
au doux oeil sombre
Pourquoi pleures-tu
pour une ombre ?


*-.-°"¨"°-.-*

Jouer sur la planche
au dessus du vide
en haut de l’immeuble
Il neige, doucement
et les sirènes au loin se couvrent
de silence


*-.-°"¨"°-.-*

Pourquoi se pressent-ils ?
Leur train ne mène
nulle part


*-.-°"¨"°-.-*

Et la nuit se promène
sur le monde
Est-ce qu’elle a
un prénom ?


*-.-°"¨"°-.-*

Une joie s’invite
quand la porte est ouverte
Alors, pourquoi une porte ?


*-.-°"¨"°-.-*

Sans un sou
Plus un sou
Souvenirs du temps
où j’étais pauvre, tout sourire
Mes poches percées
je les raccommode
de fil d’argent
Et je souris
à mes souris
quittant le navire


*-.-°"¨"°-.-*

Dans mon balluchon
des pièces d’or
et maintenant je peux enfin
ne plus dormir
dehors


*-.-°"¨"°-.-*

Lorsque la charrette est passée
je m’y suis faufilé, dans la paille
Le paysan m’a vu, mais n’a rien dit
Et on monte
à Paris


*-.-°"¨"°-.-*

Dans cette grande chambre
Le parquet grince
un lit par terre, et une planche
Un enfant crie dehors ?
Non, c’est un petit
renard
qui veut quitter
sa cour d’école


*-.-°"¨"°-.-*

Une personne à genoux me demande
l’heure
Alors, je me prosterne
et le soleil
et mon ombre
lui donnent l’heure


*-.-°"¨"°-.-*

Et si ces bateaux au loin
n’existaient plus
comme certaines étoiles
Et si la mer les éclairait seulement
pour nous dire bonsoir


*-.-°"¨"°-.-*

Quand viendra le petit jour,
dormiras-tu ?
Ou souffleras-tu
ta bougie ?


*-.-°"¨"°-.-*

Un vent de tous les anges
siffle sur les arbres,
souffle sur les feuilles,
s'infiltre de tous côtés
comme pour s'exclamer :
"Vivre ! Vivre ! Vivre !"


*-.-°"¨"°-.-*

De ses larges pupilles noires,
silencieusement, derrière un tas de décombres
un chat m'observe le regard triste et un peu sombre
Les poubelles brûlent d'une fumée dense
Va-t-il bondir, ou déguerpir ?
Soudain une goutte d'eau tombe sur son nez
Une pluie passagère de printemps
et tout là-haut
un arc en ciel
qui fait pleurer


*-.-°"¨"°-.-*

Le piano résonne dans le silence
emplissant la pièce d'un sentiment étrange
La pluie bat les fenêtres de sa mélodie
et le souffle profond
je code
la nuit


*-.-°"¨"°-.-*

Dans le silence, je me souviens
de l'eau qui dort,
du jour naissant,
de la brume et de la rosée
Personne à mes côtés pour voir ce que mes yeux reflètent,
ressentir ce parfum qui m'ennivre
Les montagnes m'emportent à mesure
que mes yeux se ferment
dans le calme d'une transe qui prend fin
Le plaisir de voir se lever
un jour nouveau


*-.-°"¨"°-.-*

C'est l'automne
mais les feuilles ne sont pas tombées
et ma fenêtre
ne givre pas
Quand la pluie et la mer
se font la bise
c'est si mignon,
c'est si mignon


*-.-°"¨"°-.-*

Je suis allé toutes les nuits
Chercher la foi dans ces égouts
Comme un fou qui croit voir ciel
Lorsqu’il descend de son échelle
Et qu’à la lueur d’une bougie
Sous ses pieds sales, rabougris,
Un ruisseau sombre et ses remous.
Il semblait dire dans son murmure
De prendre plume, de tendre l’oreille
Et de noter, énigme obscure,
Ce qu’il avance en reculant.
« On me déverse jour et nuit
Sans un je t’aime, sans un merci,
Les immondices dont on ne veut plus
Et cela me fait grande peine.
C’est bien mon rôle, sois-en certain,
Mais c’est la manière dont certains
Sans procession ont oublié
Qu’ils me connaissent, par le Divin !
Maison sans toit ni sacristie
Ne peut accueillir que les diables
Qui se sont noyés dans la Seine.
Lorsque personne ne les délivre,
Et que personne ne les salue,
Ils dérivent dans la rue
Et meurent sous le joug d’un tyran.
Seulement ce tyran est miroir,
Il ne s’amuse qu’en abusant
Du pouvoir qu’on lui donne
Lorsque l’on n’ôte plus sa casquette
Aux braves poubelles du trottoir.
Petit vois-tu, c’est un serment :
Tu ne dois couler dans tes veines
Qu’un sang opaque teinté vermeil ! »
Et sur ces mots il se tut.
Je remonte à la surface car ma bougie se meurt,
Les détritus m’accueillent, criant « À la bonne heure ! »
Les poissons m’embaument et me prêtent leurs arêtes
Pour me faire une couronne que je mets sur ma tête.